Sur les traces de ceux qui nous ont précédés à Mouzillon
La métairie divisée en deux parties
Au milieu de ce XIXème siècle, une autre période s'ouvre. La dualité qui avait existé entre les deux frères Augustin Denis et Alexis Denis depuis 1806 avait semblé se résoudre à la fin de l'année 1845, après la mort d'Alexis par une unification des ménages et de l'exploitation. Cette unification aura été de courte durée. La mort d'Augustin fils en 1853 et d'Augustin père en 1855 provoque une nouvelle césure entre les deux branches de la famille. Cette césure sera durable pendant plus d'un siècle et dans cette lignée, de nouvelles dualités surgiront.
Cette division en deux de la métairie du Grand Plessix pourrait paraitre anecdotique si elle était unique. Mais cette division s'inscrit dans une évolution plus ample et dans un mouvement local :
en quelques années, le Grand Plessix se divise en deux, la métairie du Pin est divisée en deux pour donner naissance à Beau Soleil; la métairie du Bois Rouaud est divisée en deux pour donner naissance au village du Rubis, la métairie de Lozangère est divisée pour donner naissance à la Sablette...
ce mouvement de partition des grandes métairies est lié au développement de modes de cultures et d'élevages. Les cultures sont plus intensives, les troupeaux de bovins sont plus développés. La mécanisation est en marche.
avec ce milieu du XIXème siècle, une majorité d'agriculteurs a été à l'école. Nous ne sommes pas dans la reproduction pure et simple de ce qui a été fait.
à Mouzillon ce mouvent de division des métairie est aussi lié à la place plus importante prise par la vigne et plus précisément par le Muscadet. Cette importance va se traduire par une augmentation des surfaces plantées en vigne et surtout par une augmentation de revenus que suscite le Muscadet.
Le recensement de 1856 : un déséquilibre
Le recensement de 1856 compte 1502 habitants pour la commune avec 366 ménages; pour le Grand Plessix, il va montrer la césure qui a suivi la mort des Augustin Denis Père et fils.
La métairie du Grand Plessis est partagée entre deux maisons et deux ménages :
le premier est composé de Denis Henri, garçon laboureur, 29 ans
Denis Benjamin, son frère, 23 ans
Denis Prudent, domestique, 11 ans
Coupris Alexandre, domestique, 32 ans
Fillaudeau Benjamin, domestique, 34 ans
Défontaine Modeste, domestique, 32 nas
Blanloeil Perrine, domestique, 19 ans;
le deuxième est composé de
Mauvilain Marie, veuve Denis, cultivatrice, 38 ans
Denis Augustin, son fils, 15 ans
Denis Jean-Baptiste 6 ans
Huchet Véronique, domestique, 25 ans.
Le 2ème ménage est réduit en nombre et forcément en activité. Le deuxième fils de Marie Mauvilain, veuve Denis, Prudent travaille même comme domestique chez son oncle Henri Denis.
Le 6 février 1857, Julien-Henri Denis épouse Louise Elisabeth Rosier, du village du Landreau à Vallet le 16/10/1833, domestique à Mouzillon. Le 17/11/1858, est enregistré à la mairie la naissance d'une enfant du couple mort-né; le 1er janvier 1861 est enregistré la naissance de Marie Louise Denis qui mourra au bout de 2 mois et 25 jours; le 16/01/1861 décède Louise Elisabeth Rosier épouse de Julien-Henri Denis.
Tous ces décès mettent en évidence la fragilité de la vie, la mortalité qui touches des générations que nous considérons encore très jeunes.
La tuberculose a fait de grands ravages dans cette contrée;
Les accouchements sont des risques majeurs pour les vies des femmes.
En 1900, l'espérance de vie est de 50ans.
Aux environs de 1860
En 1860 Henri DENIS est élu et entre au conseil municipal. Le 13 janvier 1878 il entre à nouveau au conseil municipal à la suite d'une élection. Il sera encore ré-élu en 1884 puis en 1889.
A cette époque, peut-être en 1860 selon une tradition orale, les propriétaires du village ont fait démolir certains bâtiments et ont fait construire deux maisons spacieuses bien exposées au sud. Chacune est constituée de deux grandes pièces avec cheminée, d'un grenier à blé et au nord d'un débarras et d'une entrée sous un préau. Le village sera donc constitué de 2 maisons, un puits commun, un jardin commun, deux granges, deux étables pour les bovins, un four et fournil communs, des appentis pour les cochons.
L'habitat rural reste particulièrement modeste à Mouzillon. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce fait :
le sols de ne permet d'extraire des matériaux nobles comme dans certaines régions de France : la Bretagne, l'Auvergne ... Mouzillon n'a ni carrière de granit, ni schiste exploitable;
les aristocrates et les grands bourgeois n'habitant pas la commune, il n'existe pas de tradition de construction noble. Les maçons, les charpentiers ont donc une offre limitée.
dans un lieu comme le Grand Plessix ceux qui commandent la construction ne sont pas ceux qui y habitent par la suite...
la structure des maisons ne prévoient ni toilettes, ni salles de bain. Encore heureux quand il y a deux pièces (une pour le jour et une pour la nuit) et un grenier pour stocker les céréales.
Il n'en reste pas moins qu'un type de maison populaire restent bien construites et belles avec leur toit en tuile rouge, les fenêtres et des portes encadrées de briques, une génoise ornant la jonction entre le haut du mort et le débordement de toi.
L'orientation n'était pas laissé au hasard : l'exposition du soleil de midi était recherchée.
Le lavoir est encore un espace naturel de la Sanguèze organisé par quelques rochers, en contre-bas de la Prée, à 300 mètres des maisons. Cette situation va durer jusque vers 1920.
Le recensement de 1861: la personnalité de Marie Mauvilain
Le recensement de 1861 compte 1522 habitants pour la commune avec 375 ménages; au Grand Plessix il montre que Henri Denis et Marie Mauvilain, veuve Denis vont tenir leur exploitation puisque les deux ménages sont ainsi composés :
le premier :
Denis Henri, Laboureur, 35 ans
Denis Benjamin, domestique, 29 ans
Cormerais François, domestique 17 ans
Sauvion Marie, domestique, 18 ans
Gravoil Marie, domestique, 19 ans
le deuxième :
Mauvilain Marie, 43 ans
Denis Auguste, son fils, 20 ans
Denis Prudent, son fils 17 ans
Denis Baptiste, son fils, 12 ans
Baron Auguste, domestique, 26 ans
Dourneau Henri, domestique, 24 ans
Babonneau Marie, domestique, 25 ans.
Le premier ménage s'est réduit par rapport au recensement précédent. La mort de l'épouse et des enfants laissent un vide.
Le deuxième ménage s'est nettement développé. Marie Mauvilain, veuve Denis, avec l'aide de ses 3 fils a repris en main l'exploitation qui aurait pu disparaitre après les décès de son beau-père et de son mari. Trois domestiques travaillent pour elle. Voilà l'exemple d'une autre femme qui a tenu une place déterminante dans l'histoire de sa lignée 130 ans après Marie PINEAU. Il faut dire qu'elle avait de qui tenir, nous le préciserons quand nous parlerons de la lignée Aubin-Mauvilain. Les vignes et le pressoir qu'elle avait en propriété n'y sont probablement pas pour rien.
En 1862, Prudent-Benjamin Denis et Marie Babonneau se marient et s'installent au village du Douaud.
Le 4 août Julien-Henri Denis, agé de 38 ans , épouse Marie Denis, fille de Claude Denis et de Jeanne Bouchereau. cultivatrice, né au bourg de Mouzillon. L'acte de mariage ne fait aucune allusion à une parenté même lointaine entre les époux. En revanche l'acte mentionne bien parmi les témoins Prudent-Benjamin qui habite le Douaud et Joseph Grégoire leur beau-frère qui habite l'Aiguillette.
Le recensement de 1866 : stabilité
Le recensement de 1866 indique une population de 1542 habitants pour 391 ménages dans la commune ; au Grand Plessix :
pour le premier ménage :
Denis Henri, laboureur, chef de maison, 40 ans
Denis Marie, sa femme, 36 ans
Denis Marie, leur fille, 1 ans
Esseau Pierre, domestique, 45 ans
Garnier Jeanne, domestique, 15 ans
Leroux Julien, domestique 14 ans;
pour le second ménage :
Mauvilain Marie, veuve Denis, cultivatrice,Chef de maison, 48 ans
Denis Auguste, son fils, 25 ans
Denis Prudent, son fils, 22 ans
Denis Baptiste, son fils, 17 ans
Guerin Louis, domestique, 22 ans
Guérin Joséphine, domestique, 21 ans.
Les deux maisons et probablement les deux exploitations sont bien prises en main. Faut-il rappeler que c'est la période du second empire en France, une période pendant laquelle la France rurale s'est développée et pendant laquelle le pays s'est enrichi.
Le recensement de 1872 : évolution d'une fratrie
Le recensement de 1872 trouve 1542 habitants pour 949 ménages dans la commune. Au Grand Plessix, il relève la situation :
pour le premier ménage :
Denis Henri, cultivateur, chef de maison, 46 ans
Denis Marie, sa femme, 42 ans
Denis marie, leur fille, 7 ans
Denis Jeanne [Henriette], leur fille, 5 ans
Denis Augustine, leur fille, 3 ans
Babonneau Pierre, domestique 24 ans
Bossard Auguste, 17 ans
Merlaud Joséphique, domestique, 19 ans
pour le second ménage :
Denis Auguste, cultivateur, chef de maison, 31 ans
Denis Baptiste, son frère, 23 ans
Bouchaud Pierre, domestique, 23 ans
Martin Mathurin, domestique, 15 ans.
Le premier ménage se développe par la naissance des enfants d'Henri et Marie Denis, le second ménage a été réduit par le départ pour Clisson de Marie Mauvilain, veuve Denis, et de son fils Prudent Denis que nous retrouverons comme boucher.
Le 22 novembre 1874, Augustin DENIS est élu et entre au conseil municipal; que signifie cette élection puisqu'avant c'est Henri son oncle qui était au conseil municipal et qu'après ce mandat, c'est de nouveau Henri qui reviendra au conseil municipal ? Y a-t-il une signification politique ? ou la signification est-elle familiale, le neveu voulant prendre le leadership de la famille Denis au Grand Plessix ?